Ce matin, comme depuis une semaine et demi, je me dirige vers ton emplacement. Je marche d'un pas alerte, sourire aux lèvres. Égarée quelque part entre le rêve et la réalité.
Et puis je m'arrête net. Ta tente n'est plus là. Il n y a plus rien. Plus une trace de toi. Comme si tu n'avais jamais existé. Comme si rien ne s'était passé. Mes jambes ploient sous le poids du vide qui s'offre à moi. Je m'écroule. Pleure. Cris. Martèle la terre de mes petits points serré. Avec ma force de mouche comme tu disais. Je te maudis si fort. Je me sens trahie. Abandonnée. Je ne sens plus rien. Arrive un moment où la douleur est tellement puissante, ravage tellement tout, qu'on n'est plus qu'un grand champs de rien.
Tu es partit comme un voleur. Sans prévenir. Sans explications. Rien de rien. Et moi je suis censée penser quoi ? Penser quoi de la nuit dernière? Cette nuit où ce que je n'osais espérer est devenu réalité. Cette nuit où on s'est aimé sous les étoiles. Cette nuit, qui fut notre. J'ai mal. Mal. Mal. Mal. Tout ça se n'était donc rien. Je ne suis donc rien pour toi. Quelle conne j'ai été d'avoir voulu y croire. Tu viens ici tous les étés. Alors ton tableau de chasse doit être à faire palir les plus grandes stars. Avec ta gueule d'ange. Tes foutus yeux bleus enjôleurs. Je te hais. Je n'ai du être qu'une parmi tant d'autre. Moi qui croyais être tienne. Dans tes bras, je me sentais reine. Pourquoi? Pourquoi tu me fait ça?
Dévastée, je reprend le chemin de la tente de mes parents. Un masque de sérénité pour la dure journée qui s'annonce. Ils n'attendaient que moi pour partir prendre le vaporetto. Alors je leur emboîte le pas, sans vie, sans envie. Parce qu'il le faut. Parce qu'il faut malgré tout, continuer à mettre un pied devant l'autre. Je ne veux pas de leur question. Il est encore trop tôt. Alors, quand, à quelques pas de l'embarcadère, j'entends ma soeur prononcé ton prénom, je l'assassine du regard. Et puis, comme elle insiste, comme mes parents la suivent dans ses élucubrations, j'écarte un peu de mes mains, le lourd brouillard dans lequel est plongé mon esprit.
Et soudain je comprend. Je vois.
Tout mon être se relève. Je souris. Je ris. Je pleure. Je saute dans tous les sens.
Tu me m'as pas oublié. Tu ne m'a pas mentit. Tu m'aimes.
Sur le muret qui jalonne l'embarcadère, en lettre noir on peut lire :
'Mélia, recordati di me... 02/06/09...12/06/09...il nostro sogno sveglio...Ti amo. Alessio '*
*'Mélia, rapelle toi de moi... 02/06/09...12/06/09...notre rêve éveillé...Je t'aime. Alessio '